Annie Mignard  écrivain

Annie MIGNARD



    “Conseils à un jeune écrivain”




J’ai publié “Conseils à un jeune écrivain” dans la revue Nouvelle Donne n° 27, février 2002. Je tentais de répondre à la classique question formulée par Pierre Fustec au nom de la Rédaction:

                       “Doit-on donner des conseils à un jeune écrivain? Et si oui, lesquels?

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1. Et d’abord, les jeunes écrivains demandent-ils conseil? Non. Ils réagissent s’ils trouvent une nourriture. Quand j’ai écrit l’article "C'est physique, écrire" dans Écrire aujourd’hui que j’ai dirigé chez Autrement, de jeunes écrivains m’ont dit: “Merci d’avoir décrit des états limites, j’en avais, je croyais que j’étais fou.” Mais ils ne demandent rien. Écrire est une affaire de vérité et de travail entre soi et soi. Personne ne vous l’apprend, personne ne vous guide, personne ne vous meut. On est soi-même son propre moteur, soi-même son propre guide, et déjà quand on a compris cela, on a fait un immense pas. Tout sort de soi, c’est trop vital et trop dur.


2. C’est dire qu’on ne devient pas écrivain dans un atelier d’écriture. Je le sais, j’en anime. On s’y amuse, on scribouille, on manie la langue, on apprend à lire, c’est déjà énorme, ce n’est pas écrire. Cela est assez clair en France (malgré les ateliers “thérapeutiques” de type Elisabeth Bing). Quoique le vertige du creative writing américain envahit l’université. Déjà elle donne un diplôme d’enseignant d’atelier d’écriture. Et elle envisage ici et là, pour améliorer le niveau en français des étudiants, au lieu de leur faire réviser leurs bases indispensables, par crainte de les humilier, de leur fournir des ateliers de writing. Puis de creatrive writing. Mais alors, c’est dans le programme? Eh bien, on les notera.


3. Si les jeunes écrivains demandent un conseil, il est pratique: qu’on lise leur manuscrit avant qu’ils l’envoient. Ou bien des tuyaux sur les éditeurs. Là, il est temps de leur dévoiler que l’édition et la littérature ne se confondent pas, ne serait-ce que parce que les romans et nouvelles français forment 6% (six pour cent) des titres publiés annuellement; qu'une grande majorité des livres publiés, même en “littérature”, sont de commande; et que l’édition-distribution est une industrie saisonnière qui cadre les conditions concrètes de la production littéraire.


         © Annie MIGNARD

sur mon travail

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