Annie Mignard  écrivain

commentaires sur “Islam: le spiritualisme sans voile


par Bernard Oudin, dans “La Foi qui tue”, Robert Laffont




J’ai écritIslam: le spiritualisme sans voile”, dans Les Temps Modernes n° 393, avril 1979, pp. 1519-1533, parce que j’étais stupéfaite de l’enthousiasme de la gauche française (Libération) qui proclamait l’ayatollah de retour en Iran “libérateur” du peuple, et qui s’extasiait devant la révolution islamique en Iran, et son attitude à l’égard des non-musulmans, des Juifs, des femmes.

J’ai aussi écrit ce texte contre le messianisme des religions établies que je voyais s’abattre un peu partout sur la politique, domaine laïque des relations entre les hommes.

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Bernard Oudin

LA FOI QUI TUE

Éd. Robert Laffont/”Libertés 2000”, 1980



Dans cet essai consacré au retour du religieux, Bernard Oudin note le “culte contemporain de la déraison” dans divers domaines.


Extraits

Chapitre “Ouverture profane”, p. 21


    “Nous retrouvons ce culte dans ce retour en force du spiritualisme dont Annie Mignard, dans un article des Temps Modernes (n° 393, 1979), “Islam: le spiritualisme sans voile”, nous traçait en quelques lignes un portrait qu’on se voudrait de retoucher:

    “Voici venir maintenant, qui va nous envahir à n’en pas douter, du fond des âges et du cœur des peuples, comme une sorte de retour du refoulé, le spiritualisme (...). il traîne avec soi le meilleur et le pire; il peut amener une réflexion féconde sur le mythe et la religion dans l’identité nationale ou individuelle, une prise de conscience libératrice; il peut également - et c’est là son aspect le plus marquant ces temps-ci - replonger dans les intégrismes et les réactions les plus nauséabonds, dans l’exaltation inspirée d’une supériorité mythique, dans le refus radical de l’autre.”


Chapitre “De l’avenir au passé”, p. 157       


   

    “(Il y a une) extraordinaire conspiration du silence devant l’excision de la gauche progressiste qui, à quelques exceptions, entend “respecter” les disparités culturelles, tabous et rites religieux les plus contestables dès qu’ils portent l’estampille “Tiers-monde” et que leur dénonciation risquerait d’apparaître comme l’apologie d’un Occident par principe coupable de tous les crimes. Annie Mignard remarque: “Il y a dans certaines attitudes de gauche un respect de l’opprimé qui va jusqu’au respect de son oppression.


Chapitre “La barbarie à visage divin”, pp.239-240


Bernard Oudin distingue entre antisémitisme, antisionisme et antijudaïsme, et déplore la confusion entre ces termes. Il prend (par erreur, me semble-t-il) l’exemple d’un autre passage de mon article:


    “Un exemple parmi des centaines: dans un article des Temps Modernes dont j’ai déjà dit tout le bien que j’en pensais, Annie Mignard, partant de l’exemple de l’Iran, juge sans complaisance le retour à certaines formes de “spiritualisme monothéiste”. Elle dénonce l’usage abusif des “mythes et textes sacrés venus du fond des âges” dont l’application à notre siècle relève d’un “raccourci proprement schizophrénique”. Pourtant, quelques pages plus loin, quand elle en vient à parler du judaïsme, elle aussi assimile antisémitisme et antijudaïsme, et elle s’en prend à Jean-Edern Hallier qui avait écrit de son côté: “Abraham est l’homme qui est prêt à tuer ses enfants pour obéir à Dieu. Il porte en lui la loi, plus la faute, plus la soumission. Le monothéisme commence fondamentalement par l’idée de soumission, s’opposant en cela complètement à la vieille idée prométhéenne de la rébellion.”

    Serai-je à mon tour taxé d’antisémitisme si j’avoue approuver ce texte à cent pour cent? J’ajoute que je trouve étrange l’assimilation que fait Annie Mignard de l’antijudaïsme et de ce qu’elle appelle “le nouveau spiritualisme”. Le fait que ce spiritualisme, quand il est islamique, se teinte d’antisémitisme relève de la politique et du conflit israélo-arabe.”