Annie Mignard  écrivain

dossier de presse de “Anne-Marie ou quelque chose d’autre”,

dramatique de télévision de Maurice Failevic et Annie Mignard

LE FIGARO - Jean Belot



“ANNE-MARIE OU QUELQUE CHOSE D’AUTRE”: LES PIÈGES DU RÉALISME




    Pour qui a vu les précédentes réalisations de Maurice Failevic, le sujet d’”Anne-Marie ou quelque chose d’autre” ne constituera pas une surprise: ce scénario trouve naturellement sa place dans une œuvre qui veut essentiellement refléter les interrogations de notre époque.


    La première scène nous montre Anne-Marie assise au côté de René, son mari, devant le juge de conciliation. Lasse de brutalités répétées, elle a demandé le divorce. Au départ, rien ne laissait prévoir cette séparation: un mariage d’amour, deux enfants, une vie bien réglée, trop bien réglée sans doute car Anne-Marie, pour élargir son horizon et s’épanouir davantage, prend des responsabilités syndicales dans l’entreprise où elle travaille comme secrétaire. Ces nouvelles activités lui plaisent, mais irritent profondément son mari qui prend prétexte de n’importe quoi - un retard à la maison ou les mauvaises notes des enfants - pour faire une scène à sa femme. Afin de rétablir la paix au foyer, elle renonce au syndicalisme et les relations du

couple s’améliorent. Pas pour longtemps puisqu’Anne-Marie a décidé d’organiser dans sa salle à manger des réunions de colocataires...


    Nous n’irons pas jusqu’au bout du scénario, ne fût-ce que pour oublier la dernière scène - aussi superflue que forcée - de cette dramatique. Du reste, quelque chose nous a constamment chiffonné dans cette émission où l’on ne reconnaît pas le style habituel de Maurice Failevic. En effet, si le sujet s’inscrit bien dans ses préoccupations, la manière de le traiter surprend. Cette altération vient-elle de la collaboration de Maurice Failevic avec Annie Mignard pour le scénario d’”Anne-Marie ou quelque chose d’autre”? On ne saurait l’affirmer mais ce n’est pas dans la nature de Failevic d’appuyer les effets, de schématiser les caractères, de démontrer les comportements. La chaleur humaine qu’il met d’ordinaire dans ses images suffit amplement à nous toucher.


    Une émission à voir pourtant parce qu’elle pose des questions et assène - même maladroitement -quelques bonnes vérités. L’erreur de Maurice Failevic aura été de sacrifier à un réalisme dans l’écriture un sujet qu’il pouvait, mieux que n’importe qui, aborder.