Annie Mignard  écrivain

dossier de presse de “Grands sont les maîtres du Haut-Kœnigsbourg”



L’ALSACE - Jacques Lindecker


L’ALSACE, TERRE D’EXCLUSION



Février 1997. A l’initiative de la Direction régionale des affaires, culturelles, Annie Mignard est en résidence d’écrivain dans “un studio à moquette blanche, au premier étage du Haut-Kœnigsbourg, qui domine la plaine de sa splendeur impériale”. L’écrivain est comme attrapé par le château, envoûté par les siècles d’histoire qui l’emprisonnent, certes bien involontairement. Alors, l’écrivain Annie Mignard part à la recherche de la mémoire de ces pierres. Au détour de la geste des seigneurs, des rois, des empereurs qui firent les grandes heures de l’Histoire, elle s’arrête sur les centaines, les milliers d’anonymes qui donnèrent leur vie - et que comptait alors une vie de gueux? - au fil des siècles.


   Elle choisit l’année où il fit si froid l’hiver que “le vin gelait dans les outres”; l’année où les loups affamés “sortaient des



forêts horribles”, l’année 1525. Elle choisit Martin, “homme jeune et beau valet”, qui mène “avec le maître ânier les ânes autour du château ramasser du bois derrière les coupeurs”. Martin, courageux à la tâche, un coeur pur. Il n’a aucun droit, n’en demande aucun, voudrait bien apporter un peu de bois à ses parents qui gèlent dans leur chaumière, mais c’est interdit. L’agitation gagne les paysans. Trop de misère appelle la révolte, fût-elle à mains nues. Les paysans, cette année-là, seront des milliers; les seigneurs, ennemis d’hier, se regrouperont pour mater la jacquerie dans le sang. Martin y perdra tous les siens.


Grands sont les maîtres du Haut-Kœnigsbourg (éd. Le Verger) est un court récit tout simple, à l’écriture déliée et douce, où l’émotion affleure sans prévenir, d’autant plus puissamment qu’Annie Mignard n’utilise aucun effet larmoyant. Une belle leçon d’Histoire, la cruauté de l’homme comme un conte pour enfants.