Annie Mignard  écrivain

dossier de presse de “La Vie sauve”



JEUNE AFRIQUE - Renaud de Rochebrune


EN MARGE DE LA NORMALITÉ: LA VIE SAUVE



Le livre commence. On est dans un immeuble, à l’intérieur d’un petit appartement qui donne sur une cour. Le vieux Georges conclut une énième scène de ménage aigre-douce avec sa compagne Madeleine d’un “Merde!” retentissant par lequel, bien sûr, il s’avoue vaincu une fois de plus. Deux cent quatre-vingt-cinq pages plus loin, on se retrouve à quelques centaines de mètres à peine, dans une lugubre station de métro, “Gare-de-l’Est-Verdun”, où le même Georges, assis sur un banc, immobile, étale son désespoir silencieux. Madeleine, bien qu’allant sur ses soixante-dix ans, a décidé tout simplement de tenter une nouvelle fois de vivre sa vie: elle a brisé sans ménagement vingt-cinq ans de coexistence fort peu pacifique avec son souffre-douleur. Entre-temps, la narratrice anonyme nous a guidés 



à travers un véritable labyrinthe aux quatre coins d’un Paris qui est sans nul doute le Paris d’Annie Mignard. Un parcours en zigzag qui sert de prétexte à la présentation de toute une série de personnages parfois bizarres, souvent cocasses, toujours en marge d’une normalité peut-être bien inexistante.


    Une fois achevé le tour de cette galerie de portraits très touchants, on a peut-être moins l’impression d’avoir lu une intrigue cohérente qu’une suite de petites nouvelles reliées acrobatiquement les unes aux autres. Qu’on le fasse avec plaisir d’un bout à l’autre montre que l’auteur, pour son premier roman, n’a pas eu tort de prendre le risque de l’originalité. Le petit monde qu’Annie Mignard nous montre dans La Vie sauve (Grasset) n’est certainement pas celui du lecteur de Jeune Afrique, mais il est suffisamment “vrai”, varié et attachant pour que chacun soit certain malgré tout de le croiser un jour ou l’autre.