Annie Mignard  écrivain

dossier de presse de “7 Histoires d’amour”



RÉFORME - Joël Schmidt


DE L’AMOUR



Publié une première fois en 1987 (Ramsay/”Mots”), 7 Histoires d’amour, d’Annie Mignard, a été réédité chez HB. Les éloges que ce recueil reçut il y a dix ans n’ont pas vieilli, pas plus que ces récits intenses, sensuels, où l’amour est souvent à l’image d’une solitude, heureuse ou malheureuse, partagée ou imaginaire. Le Pré Callot nous introduit dans un amour panique, solaire, fait de joie et de terre sur les moissons et les champs, amour exalté, exaltant, soudain contrarié, mais dont la force est telle qu’il se retrouvera dans sa plénitude: quelle puissance et quelle pudeur, point de métaphores hardies, les corps sont présents qui s’aiment et avec eux les âmes.


Ce coup d’envoi d’une éclatante générosité nous lance sur les autres nouvelles, celle d’un peintre, amant de Livia, le femme d’un boucher, dont il ne craint ni les menaces ni les couteaux: Annie Mignard dit si totalement l’explosion impétueuse de cet amour qu’on ne pense ni à l’adultère, ni au mari trompé, à l’erreur ou au péché. Nous sommes bien au-delà. Tout comme cet amour, qu’on pourrait croire morbide, d’une femme dont l’époux est mort en dormant, et qui travaille son deuil et l’achève sans qu’il y ait la



moindre épouvante de la part du lecteur, préparé par la subtilité et la finesse de la plume d’Annie Mignard, par l’épouse qui se love contre son mari mort dans l’apaisement et l’acceptation, sommet d’un amour conjugal. Et que dire de cette auditrice-spectatrice, amoureuse d’un violoniste, dont l’effusion, les lettres sont plus fortes qu’une rencontre, ou de cette femme, Camille, “bovary” de l’amour, acharnée et malheureuse de son insatisfaction, et sauvée par la maternité? Annie Mignard n’omet point non plus l’amour homosexuel, et ajoute un final tout aussi glorieux que le départ de son ouvrage, en nous livrant les mutations d’une fillette prépubère, à Marseille, qui cherche déjà l’amour dont elle ne connaît que les embûches, les conversations chuchotées et incomprises, mais un amour dont elle a compris très vite qu’il est au-delà du corps, de ses désirs et de ses plaisirs.


S’il est un recueil exemplaire de la nouvelle française, c’est bien celui de 7 Histoires d’amour d’Annie Mignard, qui avait obtenu en son temps le prix de la nouvelle de la Société des Gens de Lettres. Ces nouvelles suscitent en effet étonnement et admiration mêlés, car ces variations sur un thème connu produisent une musique si émouvante qu’elle nous paraît encore inconnue.