Annie Mignard  écrivain

dossier de presse de “Écrire aujourd’hui”



TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN - F.B.


Quand et comment écrivent-ils?


RAREMENT L’APRÈS-MIDI...



  Un étage lui était réservé, qui s’ouvrait par une baie vitrée sur la mer. L’écritoire - une planche de bois inclinée posée sur un socle - était dressé devant la baie. Et c’est debout, face à la mer, que Victor Hugo écrivait Les Misérables ou Les Travailleurs de la mer, dans son antre de Hauteville House, à Guernesey.


  La pratique, lourde d’images jaunies de moines penchés sur les Ecritures, s’est semble-t-il, perdue. L’écrivain est un homme assis.


Cent fois, sur la page blanche...


  Curieuse idée, en effet, que de traiter les écrivains d’intellectuels. Écrire aujourd’hui (éditions Autrement, avril 1985), une passionnante réflexion à partir de contributions d’auteurs, sur le métier d’écrivain, s’inscrit en faux contre cette idée. Pour quelques souffreteux, combien de forces de la nature parmi nos génies? “C’est physique, écrire, une dépense vitale grande”, note Annie Mignard, auteur de La Vie sauve (Ed. Grasset) qui a dirigé ce numéro d’Écrire Aujourd’hui. “L’effort du travail en cours se fait sentir très fort dans le corps, fait naître des images corporelles, des sensations d’évidence, d’une présence plus vraie que le réel.”



Derrière le mythe, l’image de Balzac peinant sur La Comédie humaine dans la nuit parisienne trouée d’une chandelle, est une image vraie.


  “C’est en écrivant qu’on devient écriveron.” La sentence est d’un orfèvre des mots, Raymond Queneau. Cent fois sur la page blanche remettez votre plume. “A en baver. Ecrire une phrase, ça marche, hop, on se lève, faire autre chose, témoigne Annie Mignard. Ca fait trop trembler, ça trouble trop, c’est trop intense que ça existe. Le lendemain ça recommence, toujours cette nausée de peur de se jeter à l’eau tout en en mourant d’envie.”


Le vrai bonheur


  La plus belle escroquerie de ce siècle est celle du génie inspiré, qui fait des profanes se demander: mais où va-t-il chercher tout ça? Dans la peine, répondent les écrivains. “... Un vendredi soir, sur le point de prendre la décison d’écrire. Vous avez levé les obstacles, les enfants sont chez leurs grands-parents, les amis en vacances à l’étranger, les petits dossiers classés, ironise Paul Fournel. Le seul problème qui demeure, c’est vous. Vous savez qu’il y a du plaisir à écrire, parfois même de la volupté, mais vous savez aussi que le vrai bonheur, le seul, plus fort que tous les bonheurs, c’est celui d’avoir écrit. Entre vous et lui, il ne manque plus que le temps de l’écriture.”