Annie Mignard écrivain
Annie Mignard écrivain
La Vie Sauve
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LA VIE SAUVE, roman. Paris: Grasset 1981
286 p; 20,5x12,7cm. 9,30 €. ISBN 2-246-24871-X
Manuscrits de La Vie sauve au bas de
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Personnel
J’ai appelé La Vie sauve ce premier roman parce que c’était lui ou la Seine. Après des années à ne pas pouvoir, j’en étais au point de mourir de honte si je n’étais pas capable de l’écrire. J’étais dans une douleur d’impuissance et d’interdiction mortelle. C’était une question de vie ou de mort que je l’écrive. Donc: La Vie sauve.
Pour sauter le pas, il a fallu que je devienne égoïste, contre l’éducation de fille, décentrée de soi, que j’avais reçue. J’avais une barre symbolique très forte à franchir en ce qui concerne le symbolique, les arts, l’écriture. Mais l’égoïsme est indispensable pour faire une oeuvre.
J’ai écrit ce roman à la vitesse de la panique, dans le délai de 70 jours que je m’étais fixé avant de sauter dans la Seine. Après, sauvée, j’ai pu le corriger plus tranquille en 90 jours. C’est une sorte de ronde, qui passe de personnage en personnage, et on revient à la fin aux personnages du début; un peu comme une danse, la sensation d’une danse sur une dalle de tombeau.
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Sur mon travail dans “La Vie sauve”
Voir
> “Comment j’écris en pratique”
> “Entretien avec B. Trigalet”
> “Recueil ‘forme’ non nécessaire”
> “Je bloque”
Annie Mignard. “La Vie sauve” (Grasset)
- Début -
“Dans ma cour habite un vieux couple. L’été, ils ouvrent la fenêtre. J’entends des phrases terribles.
Des fois, il n’en peut plus, il crie: Moi, je ne prends pas
d’ordres! Alors sa voix à elle clame sur nos murs: Tu es milliardaire, papa, pour ne pas prendre d’ordres? Un salarié comme toi, ça prend les ordres. Partout où il se trouve! D’ordinaire, vaincu, il conclut leur échange par: Merde! Là, elle a tant raison qu’il se tait.
Madeleine
Elle est Madeleine. Elle est blonde, volumineuse, âgée, tonnante, ronde comme un tonneau cerclé. Madeleine, c’est ça. Lui, Georges. C’est un homme sans nom. C’est elle qui dit les choses, elle ne le nomme jamais. Elle dit, cet homme-là, celui-là. Il est là sous son regard, elle le commente, un homme de soixante-neuf ans se gratter comme ça! Ils font, elle rugit, il répond parfois, éructe ou bafouille. Ainsi va leur dialogue.”
Quatrième de couverture de “La Vie sauve”
par Matthieu Galey
“Dans un Paris où les couples semblent jouer aux quatre coins, du faubourg Poissonnière à Montparnasse, des Tuileries à la rive gauche, les personnages de ce livre mènent la plus attachante, la plus insolite des courses de relais sentimentales. Sans même s’en apercevoir, on passe des uns aux autres, de Simon le peintre à Madeleine et Georges, ses voisins braillards, dont les cris cachent le drame sordide de la vieillesse, d’Ada la tendre à Daniel le poète aux alcools innombrables, d’Aline l’inquiète à Joseph qui la quitte, d’Odette la désinvolte au gros Gilian, qui se console de la perdre en rêvant devant les toiles de Simon... Peu à peu la boucle est bouclée, close la ronde des petits bonheurs, des grands désespoirs dorlotés, et l’on a bientôt fait le tour des amours mortes, des amis nouveaux, des âmes à la dérive, un sourire aux lèvres et le coeur en bandoulière.
Dans ce premier roman d’une facture si originale qu’on le dirait né du macadam, de l’air du temps, des hasards de la vie, ceux qui vous sauvent de s’en déprendre, Annie Mignard révèle une étonnante maîtrise pour saisir dans l’éclat de l’instant les poétiques marginaux de son univers. Un décor d’époque, très actuel et réaliste, s’y dessine en filigrane, impalpable, nocturne, ironique, parfois bouffon, et les mots, tels des amoureux de Chagall, volent à l’horizontale dans le ciel des songes. Voici, neuve, jeune comme l’auteur, une merveilleuse vivacité acide, insolente, qui détonne heureusement sur le gris usé d’une littérature, souvent trop vieille pour avoir encore bonne mine.”
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Prix
Sélections du Prix du premier roman
La Vie sauve
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