Annie Mignard écrivain

MÈRE HUMAINE, théâtre. Grigny (Rhône) Paroles d’aube 1998.32 p; 15,5x9 cm Br. Couv. ill. En coffret (L’Adieu au siècle)

3,81 €. ISBN 2-84384-052-X

Personnel

Quand Jacques Prunair, pour le Cargo de Grenoble, m’a commandé une pièce à un personnage sur le thème de “l’Adieu au (XXè) siècle”, j’ai pensé tout de suite à ma mère, comme à une femme dans laquelle je pouvais voir incarnée toute l’histoire du siècle: paysanne née dans une ferme et qui a gagné une grande ville.

Elle représentait pour moi le lent mouvement contradictoire des femmes dans le siècle dont nous sortons.

Mère humaine pour ses filles, qui est un tout autre personnage qu’une mère pour son fils: mère porteuse à la fois d’ambition sociale et d’humilité de son sexe, du rêve d’une vie ample et de la crainte de la liberté.

Mère humaine dans l’amour le plus pur qui soit et dans ce double sevrage obligé et impossible, enfant sevré, mère sevrée, et ce manque qui ne peut pas être comblé.

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Sur mon travail dans “Mère humaine”

voir

> Ma préface à “Mère humaine” dans Sur mon travail: “J’aime le théâtre”

> “Recueil ‘forme’ non nécessaire”

Annie Mignard. “Mère humaine” (Paroles d’aube)

- Début -

ELLE

(Elle a tapé sur le clavier du téléphone. Fin de la sonnerie. Elle pose les mains à plat sur ses genoux. Au public:)

Le déroulement est toujours le même. J’appelle. Ou si par extraordinaire je n’ai pas appelé, le téléphone sonne. Nous sommes le dimanche soir. Ca commence toujours de la même façon: “C’est ma - man! - Salut maman.”... ou bien: “Salut maman, c’est Lisa. - Salut, ma fille!”... (Fin de l’adresse au public. Brusquement investie, contente, répète au micro du téléphone): Salut ma fille!... (Ecoute. Rit comme une jeune fille) Oh non, je ne t’ai pas oubliée. Je pense tout le temps à toi... Je pense tellement à toi qu’il m’arrive de t’oublier en y pensant.