Annie Mignard  écrivain

dossier de presse de “7 Histoires d’amour”



NOUVELLE RÉPUBLIQUE DU CENTRE OUEST - Bernard Hilbert


ANNIE MIGNARD ET SES HISTOIRES D’AMOUR


    C’est une évidence, il est difficile de se forger une réputation en écrivant des nouvelles. Rares sont les écrivains qui ont réussi cet exploit à un haut niveau, mis à part Katherine Mansfield hier et Daniel Boulanger aujourd’hui.


    Auteur d’un premier roman, “La Vie sauve” (Grasset), il y a quelques années, Annie Mignard a flairé l’écueil et c’est sans doute pour cette raison qu’elle a renoncé à la nouvelle pour une variante proche du genre mais cependant distincte. On ne peut qu’applaudir à cette recherche d’expression renouvelée alors que tant de romanciers et de romancières entrent dans l’arène en débitant leurs souvenirs dans le style “Moi je...” Annie Mignard a choisi d’écrire loin d’elle. Elle ne se raconte pas dans “7 Histoires d’amour” (éditions Ramsay), elle raconte les autres, c’est-à-dire qu’elle cherche à donner souffle et vie à des personnages nés de son imaginaire.


    La fiction avant tout sur un fond de création, bigre, ce n’est pas si mal. Dès sa première “histoire”, l’auteur donne le ton de l’ouvrage en renonçant à des mièvreries, on serait tenté de dire à des mignardises. Dans “Le pré Callot”, la première des Sept histoires d’amour, Annie Mignard met en scène, non un prince et une bergère, mais des êtres de chair nés du quotidien routinier. Et elle



les traite avec un laconisme certain: “Blanche, la femme trompée, courut le village de maison en maison pour dénoncer la femme adultère qui débauchait son mari innocent. On les sépara. Lui s’en va aux champs... Elle, dedans, enfermée dans la maison.”


      Le refus du romanesque


    On le devine, Annie Mignard se refuse au romanesque. Elle aurait pu sélectionner de belles histoires d’amour, les traiter à la Delly ou à la Jacqueline Monsigny, les farcir des ingrédients les plus commerciaux et bâtir des romances. Elle a renoncé à cette facilité pour exercices de corde raide et c’est un point à son actif, un point précieux.


    La lecture de ces textes laisse cependant un goût amer parce que leur auteur n’a pas apporté un soin excessif à l’écriture. C’est décevant d’entrer dans le jeu d’une évocation brève, où les mots doivent être comptés comme des monnaies précieuses, par une banalité de ce type: “Cette histoire que je vais vous conter m’a appris ceci, connaître est un paradoxe.” C’est plus décevant encore de constater que la créatrice a laissé courir sa plume au point de répéter (page 41) trois fois le même verbe en onze lignes: “faire un mouvement”, “le noir se fait dans la chambre”, “son cœur fait doumdoumdoum”!


    Avec un peu moins de précipitation, Annie Mignard aurait accompli le sans faute. Ce n’est pas tout à fait le cas. Dommage! A lire quand même, les tentatives sont si rares.