Annie Mignard  écrivain

Les premières Espérances

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LES PREMIÈRES ESPÉRANCES, nouvelles

Villegly (Aude): Encre bleue 1997. Edition gros caractères. 160 p; 20,7x13,5 cm. Couv. ill. 21 €. ISBN 2-84379-005-0


Comprend: Les premières Espérances, Histoire de Camille, Le Dîner avec Charles, soit les trois dernières des 7 Histoires d’amour


Personnel

   J’ai écrit la nouvelle Les premières Espérances - dont le titre fait écho aux Grandes Espérances de Dickens - en évocation, à la troisième personne, de mon enfance à Marseille, dans le H.L.M. rempli de femmes au foyer où j’ai grandi.

    Je voyais ma mère au foyer faite comme un rat, et mon avenir fait comme un rat. J’avais l’amour comme une interrogation - et Dieu sait si les petites filles qui vivent en H.L.M. ont de quoi s’interroger sur l’amour -, et le refus d’un destin fatal.

    L’arrachement à ce destin qui m’attendait concentrait toutes mes forces. J’en cours encore.

    J’ai nommé la petite fille Lisa, parce que je lisais tout le temps, les livres que je prenais à la bibliothèque du lycée, vu qu’à la maison il n’y en avait pas.

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Sur mon travail dans la nouvelle “Les premières Espérances”, voir

> Recueil, ‘forme’ non nécessaire




Manuscrits de la nouvelle Les premières Espérances au bas de cette page





Annie Mignard. “Les premières Espérances               

novella tirée de 7 Histoires d’amour

            - début -



   Elle n’avait pas le droit de descendre dans la cour, aussi elle restait sur le balcon au sixième étage. La largeur du balcon était Lisa assise, dos au mur et les genoux pliés à 90 degrés. Sa longueur était deux fois Lisa, dos aux barreaux grillagés et les jambes étendues. Le ciment brûlait au soleil, piqueté de trous faits à la roulette, il buvait l’eau, avidement, qu’elle lui donnait à boire, et séchait tout de suite. Il blanchissait Lisa, son short, les livres, et son grain était râpeux et doux à la peau. Pour l’ombre, la mère avait cousu une toile rayée orange et marron, qu’on déployait jusqu’aux fils de fer pour étendre les draps, et qui claquait sur ses anneaux les jours de mistral. Oh l’ennui, l’ennui de Marseille! L’ennui de cette vie à vivre! Lisa avait dix ans. Sur son balcon, elle observait le monde, lisait comme une sourde. Elle se posait une question. Sa mère disait: “rêvassière”.

    Lisa se demandait ce qu’était l’amour.


    Un jour que Lisa était plus enfant et que sa mère descendait voir la voisine du cinquième, elle l’avait emmenée avec elle comme d’habitude. Lisa s’était assise sur la marche du même balcon qu’au sixième, elle ne demandait rien, elle écoutait, c’est tout, elle rêvassait à hauteur de leurs genoux, tandis qu’elles, debout derrière - toujours elles restaient debout comme si elles se croisaient sur le chemin de leurs travaux, la voisine avait quatre enfants ou cinq - elles, debout derrière, se parlaient. Lisa entendit la voisine: “J’ai dit à Harry qu’il aille chez les femmes. Moi je ne peux plus.” Lisa connaissait ce petit homme au teint bistre, qui souriait pour séduire et se redressait sur ses talons. Elles parlaient sans retenue là-haut, de visage à visage, Lisa était dans les genoux, qu’est-ce qu’un enfant comprend? La voisine ajouta: “Aimée, vous ne voudriez pas m’avorter, avec une aiguille à tricoter?” Lisa sentait sa mère réticente, puis: “Oh non! Je ne peux pas. Si jamais je vous perce?”




dossier de presse de7 Histoires d’amour”


Les éditions Encre bleue vendent aussi le recueil “Les premières Espérances” en gros caractères sur leur site http://www.largevision.fr


 
Manuscrits_Les_premieres_Esperances.html

Les premières Espérances

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